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Témoignages été 1936

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TEMOIGNAGES ETE 36

 

 

 

M. ARGOYTI

« 200 à 300 coups de fusil sont tirés sur Béhobie puis la fusillade s’étend sur Hendaye les 17,18 et 19 octobre. J’habitais en ville mais beaucoup de personnes qui sont ici ont vu mieux que moi, ont entendu mieux que moi. »

 

 

 

 

 

 

 


 

Mme DICHARRY

 

« Il y a eu des balles perdues. A la rue d’Irandatz, à ce moment-là, il y avait des meules de foin. Là, il y a eu quelques balles perdues. Il y en a une qui est arrivée à la maison. Il n’y a pas eu de bombardement.

Il y a eu de l’accueil dans toutes les maisons. Chez nous, une famille entière est venue de Fontarrabie. Ils sont restés quelque temps. On posait des matelas par terre et je me souviens que notre tante faisait des sauces de veau.

A l’Elégance, là où se trouve la Concha actuellement, il y a eu quelques blessés. Des dames de la rue du Port et de la Place de la République allaient leur apporter un peu de café et les réconforter. Il y avait des gens partout. Les gens étaient affolés. C’était l’exode.

C’était l’été. Nous avions le bal tous les dimanches sur la place de la République. Notre maire, M. Lannepouquet, par respect, avait voulu supprimer le bal. Les réfugiés ont refusé. Ils voulaient que le bal ait lieu et il a donc repris normalement.

Il y avait beaucoup de journalistes. L’hôtel Imatz était rempli de journalistes de tous les pays du monde. Ils montaient sur la terrasse pour voir les bateaux qui bombardaient la Guadalupe. Je connais un homme, dont je ne veux pas dire le nom car il était franquiste, qui montait la garde à la Guadalupe. Il devait y avoir des armes ou des personnalités à protéger. »

 

 


 

M. RODRIGUEZ SALIS

 

« Je parle très mal le français. C’est un français appris dans les rues d’Hendaye et de Biarritz. Nous étions une famille de cinq enfants et nous étions obligés de partir d’Irun parce que ma mère était la sœur du maire républicain d’Irun. A cette époque-là, être la sœur du maire républicain, était quelque chose de terrible. Nous avons été obligés de partir à Hendaye. J’ai maintenant 85 ans et c’est la première fois que j’ai l’occasion de dire que les Français d’Hendaye nous ont traités de façon incroyable. Ils nous ont très bien accueillis. Ils étaient très gentils avec nous. Moi j’étais enfant et ils nous donnaient à manger. C’est quelque chose d’émouvant.

Je ne suis pas politique, je suis républicain seulement et je me suis arrêté là. De toute façon, nous étions très bien à Hendaye. Pour nous les enfants, c’était l’été, la plage à côté. Nous allions tous les jours à la plage et on s’en « foutait » de ce qui se passait dans la montagne !

Les enfants sont habitués à imiter. Dans mon quartier d’Irun, nous avons commencé à faire des guerres avec des frondes. Ce sont des guerres terribles contre le quartier de Santiago. Il en est resté quelques traces sur mon œil.

 

Nous avons passé la frontière. Nous sommes restés à Hendaye 4 à 5 mois dans une petite maison. Mes parents ont trouvé un travail à Paris dans un restaurant. Ils sont partis. Les quatre enfants ont envoyés à Saint-Sébastien chez ma tante et chez ma grand-mère à Irun. Les parents sont restés 3 mois à Paris. Selon ma mère, ce sont les trois mois les meilleurs de sa vie ! »

 

 

 

 

Mme PEYRELONGUE

 

« Mes souvenirs ne sont pas aussi abondants que ceux de ces messieurs. Quelquefois, il y a eu des réflexions indignes, blessantes de gens qui disaient : « esos rojos ». C’était inadmissible.

Beaucoup d’habitants, des chefs de famille du quartier de la Gare, se rendaient devant la Gare où affluaient généralement tous ces réfugiés. Il s’établissait un dialogue entre les Hendayais et ces familles à l’issue duquel dialogue chacun des Hendayais qui se trouvait là, emmenait des réfugiés chez lui ou chez elle.

C’était le cas chez moi aussi et je me souviens, ce sont des images qui se sont imprimées dans ma mémoire, qu’on ne peut pas oublier, beaucoup de gens pleuraient, notamment des femmes et des enfants. On mettait par terre des couchages de fortune. Il y avait un petit jardin, il y avait un petit poulailler, un petit clapier et mon père disait : « il faut partager parce qu’ils sont malheureux, ils en ont moins que nous. »

A table, mon père parlait de filière qui conduisait ces réfugiés vers Montauban ou Toulouse. Il y avait des points d’accueil. Alors, je ne sais pas comment ils se débrouillaient mais en plus de la filière, il devait y avoir aussi des aides parce qu’ils n’avaient pas d’argent. Ils arrivaient cependant à partir. Et quand ceux-là étaient partis, il y avait une rotation qui s’établissait, d’autres arrivaient. 

Je vais rendre un hommage à mon amie de l’association Maïté Faget parce que son père a fait un travail énorme. Il avait réussi à établir un accord avec des gens de la SNCF. Officieusement, il avait une filière qui conduisait au nord de la Loire et c’est peut-être pour cela qu’il y a des réfugiés en Normandie et aux alentours. »

 


 

 


M. PAEZ ROVIRA

 

« Je voudrais vous féliciter pour vos interventions qui ont donné beaucoup de détails concrets. Beaucoup parlaient de solidarité et je voudrais vous demander : qu’est-ce qu’il faut raconter aux jeunes gens à partir de vos expériences de manière très directe ? »

 

 


 

Mme PEYRELONGUE 

 

« Il faut tout raconter le bien et le mal parce que ce sont ces interventions négatives qui font apparaître combien les autres sont belles ! »

 

 

 

 


 

Mme IRASTORZA

 

« J’ai plusieurs souvenirs de cette guerre de 36.

J’avais onze ans. J’allais à l’école à cheval et en carriole. Avec ma grande sœur, on allait vendre le lait. Mon travail avant d’aller à l’école, c’était de porter avec deux petits bidons au port de Caneta le lait à deux clients : le receveur des douanes et Mme Correja.

J’avais donc porté le lait, versé le lait dans la casserole et je vois Fontarrabie en feu, des bateaux à rame, des enfants, des jeunes mamans, des amatxis, des atatxis qui traversaient la Bidassoa à Caneta. Alors je me suis mise à pleurer et à regarder ça. J’ai laissé passer le temps et ma sœur m’attendait pour m’envoyer à l’école. Elle m’attendait à côté du cheval et de la carriole, du côté de chez Isidori. Quand je suis arrivée avec du retard, elle me dit : « qu’est-ce que tu as fait jusque là ? Mais l’heure de l’école est passée ! » Alors, je lui ai dit : « écoute, je n’irai pas l’école. » Je pleurais de voir cette misère.

 

 

 

 

 

 

 

Bertsulari

 

« Il y a quelques jours et par hasard, j’ai reçu des vers en basque d’un poète d’Irun qui a été réfugié ici et qui est décédé il y a assez longtemps. Il s’appelait Juan Bazurco, très connu chez nous et grand poète. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Traduction

Que vienne la Paix

(Ecrit voici maintenant 10 ans, de ce côté de la Bidasoa)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« On parle de rouge. Pourquoi des rouges ? On n’est pas des rouges. Moi je suis basque, je suis républicain et les franquistes m’ont foutu ma vie en l’air.

J’ai 86 ans et je suis parti à l’âge de 6 ans de chez moi. Je n’y suis pas retourné par dignité, parce qu’on ne veut pas de peuple de franquiste. Jamais je ne suis retourné au pays.

Je suis parti de Bilbao à Santander. De Santander, je suis parti en France en bateau. On m’a mis à garder les moutons. A mon âge moi qui avais l’habitude de jouer avec les enfants au ballon et à la pelote basque. A six ans, je jouais à la pelote basque et on me met à garder les moutons dans un pays où il n’y avait pas un arbre. Il n’y avait personne qui habitait seulement mon patron et moi. Je gardais les moutons sans savoir parler le français. C’est un peu plus tard que j’ai appris.

On a été très bien reçu par le peuple français. Les femmes et les enfants ont été très bien reçus ? Pour les hommes qui sont allés dans les camps de concentration, ce n’était pas pareil. Ils ont souffert.

Je suis arrivé à La Rochelle. De La Rochelle à Clermont-Ferrand. Là est sortie une loi pour nous réexpédier en Espagne. Heureusement, il y avait encore côté républicain et côté franquiste. On a été du côté républicain. A 12 ans, j’ai travaillé les vignes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Raphaël Lassallette

« Je suis né le 4 août 1936. Ce que je vais vous dire là je ne l’ai ni vu, ni entendu. Je rapporte simplement ce que m’ont dit mes parents. Le 4 août 1936, je suis né à la rue des Réservoirs qui est toujours aujourd’hui la rue des Réservoirs, la rue que je n’ai jamais quittée dans mon existence puisque le 4 août prochain cela fera 76 ans que j’y vis et j’espère bien y mourir. Le 4 août 1936, à l a rue des Réservoirs deux naissances étaient imminentes à 100 m d’intervalle : la mienne et celle de Jacqueline Artola dont les parents tenaient la conciergerie de ce qui est aujourd’hui la villa Concha. Nous étions donc séparés par 100 m de distance et ce jour-là, la sage-femme avait fort à faire parce qu’elle devait faire des allées et venues entre les deux domiciles. Les naissances à l’époque ne se faisaient pas de manière aussi aisée et rapide qu’elles se font aujourd’hui.

 

 

 

 

 

 

 

 

Fernando Lecea

« Nous habitions à Pau à l’époque, lorsque nous sommes revenus des camps de concentration. De Pau, on venait à Hendaye pour voir nos familles. Nous prenions des sauf-conduits. On nous les donnait ou on ne nous les donnait pas. Ils étaient accordés pour 12 h ou alors pour 24 h. Quelquefois, nous prenions une barque avec un marin pêcheur. Nous allions sur la Bidassoa, du côté des eaux territoriales françaises. On voyait nos parents mais ils ne pouvaient pas passer. Nous ne sommes revenus en Espagne qu’après le décès de Franco. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« C’est au sujet des balles perdues. Je suis né en 40. Je vais vous dire ce que m’a raconté mon grand-père. C’était Ramuntcho, le taxi. A cette époque il avait été loué par des journalistes parisiens pour voir la bataille de la Bidassoa. Sur le côté du taxi il avait placé des matelas et les journalistes étaient protégés dans le taxi par ces matelas. Ils photographiaient et mon grand-père, arrivé à Biriatou, changeait les matelas de côté pour pouvoir faire le retour. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

« Je n’ai pas connu la guerre mais j’en ai entendu parler par mes parents. Je suis d’Irun. Mes parents sont passés à Hendaye et y ont vécu quelques mois dans une ferme qui se situait du côté d’Abadia. J’ai toujours entendu dire qu’ils ont été très bien accueillis. Ils ont tissé des liens d’amitié avec les gens qui les ont hébergés. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Marie-José Basurco

« J’ai écrit un roman sur la guerre civile au Pays Basque et espagnol dans un second roman qui s’appelle « la valse de l’oie ». J’ai voulu l’écrire parce que dans ma famille, j’avais le cousin germain de mon père qui était condamné à mort par Franco parce qu’il faisait partie des gudaris de gauche. Cet homme que j’ai beaucoup aimé, s’est évadé de Donosti et il est parti vivre chez mes grands-parents. On dit que les réfugiés ont été bien accueillis. Cela n’a pas été le cas à St-Jean-de-Luz, du moins parce que ceux qui accueillaient les réfugiés, c’était les familles arrivées ici en 1927 ou les réfugiés économiques. Joseba Olabeaga est parti immigrer à Caracas. Je venais souvent avec lui au pont international parce qu’il avait un passeport d’apatride. Il avait refusé d’appartenir à notre peuple, c’est-à-dire le peuple basque. Quand il arrivait ici, nous allions au pont et du pont il saluait Donosti. Il n’est jamais revenu à Donosti. Il est mort à Caracas. Quand il est mort, j’ai décidé d’écrire sa vie ainsi que celle de mon père qui était de nationalité espagnole et qui, à 19 ans, s’est engagé dans la guerre française pour continuer cette guerre parce qu’il était trop jeune pour faire la guerre au sud. Il a été à Narvik, il a fait le débarquement de Sicile, Rome, il a fait aussi le débarquement de Provence. Il a refusé toutes les médailles militaires qui lui étaient attribuées parce que justement les alliés ont trahi la parole qu’ils avaient faite au Président d’Euskadi, José Aguirre, de continuer la guerre pour rétablir la République.

J’ai écrit ce roman pour que mes enfants, mes petits-enfants, mes arrières petits enfants ainsi que les gens qui ne savent pas que les premiers bombardements civils ont été Durango et Guernika. Je voulais aussi parler de tous ces enfants qui ont été transportés par bateau en Russie et qui ne sont jamais revenus. Ce sont des Basques. Je voulais parler aussi de tous ces enfants basques qui vivent en Angleterre et qui ne sont jamais revenus. Je voulais aussi dire le courage du Parti Nationaliste Basque qui a armé à Amsterdam des bateaux qui ont franchi l’océan pour continuer à se battre à Bilbao. Ils ont tenu Bilbao six mois sans que les franquistes puissent rentrer à Bilbao. Je voulais rendre hommage à tous les gudaris et à tous les gens qui se sont battus et qui ont été trahis par les alliés car je ne peux pas oublier que si on avait continué, parce qu’Hitler est mort, l’autre a été pendu et le seul qui est resté c’est Franco. Il y avait aussi des accords avec le Vatican mais surtout avec l’Angleterre. C’est surtout l’Angleterre qui a trahi pour des raisons économiques. On a laissé Frano et on a laissé l’Espagne franquiste vivre jusqu’à ce qu’en 1959 d’autres gudaris luttent contre le franquisme. »


 

 


 

M. Sallaberry, Maire d’Hendaye

« Je remercie Oroitza de relancer toute cette histoire d’Hendaye. Je crois que c’était une initiative vraiment magnifique.

 

Agissant ainsi, citoyens, réfugiés, élus, autorités s’inscrivaient dans la continuité des traditions ancestrales de partage, d’entraide et de continuité de vie entre Irun, Hondarribia et Hendaye.

D’ailleurs, ces traditions sont inscrites au cours du temps dans les symboles. Sans vouloir remonter loin, je me permets de souligner les trois faits qui ont été indiqués tout à l’heure : la suspension de l’alarde d’Irun, c’est quand même quelque chose d’important pour la ville d’Irun et puis l’hommage rendu le 14 juillet 1931 en mairie d’Hendaye par M. Salis, maire d’Irun, accompagné de son conseil municipal, porteur d’un message du Ministre espagnol des travaux publics. Il s’agissait de remercier, à travers leur maire, les Hendayais pour avoir accueilli entre 1924 et 1931 une grande partie de l’intelligentsia républicaine espagnole. Et puis la présence de nombreux réfugiés aux cérémonies du 11 novembre au monument aux morts d’Hendaye lors des années 36, 37, 38 et 39. Ces constats prennent encore plus d’importance si on les insère dans une perspective d’avenir ?

Je suis certain que ces entraides respectives élevées à un tel niveau par la population de la Baie de Txingudi, sont des exemples à suivre dans notre territoire pour gagner des batailles induites par la crise économique et la mondialisation des échanges.

Pour terminer, je remercie toutes les personnes ici présentes, volontaires pour cet exercice de réminiscence utile à la vie de la cité et les personnes elles-mêmes comme l’a souligné le professeur Paez Rovira. Enfin, je souhaite remercier en particulier le Président d’Oroitza, Monsieur Marcel Argoyti en lui remettant la médaille d’Hendaye. Ce geste ne récompense pas seulement un doyen mais il honore surtout un homme amoureux de sa cité pour avoir su fédérer des Hendayais de toutes origines, et de toutes opinions d’ici et de la diaspora autour d’un projet rassembleur et utile pour la réflexion des élus dans leur action publique. »

 


 

Quelques témoignages reçus après la journée à Mendi Zolan

 

M. Hervé Thoumire

Un témoignage : celui de mon père, né en 1915, décédé en 2004


"... En  août 1936, j’effectuais  mon " Service Militaire", dans la caserne du Château-Neuf de Bayonne.

Un jour, nous fûmes réunis et informés d’une mission future de "défense du territoire", le long de la Bidassoa. Nous reçûmes des cartouches et balles réelles...

... Allongés sur le sol, à l'abri d’un petit mur (qui existe toujours près du pont de Béhobie). Nous avons passé de longs moments :

* des tirs provenant de Behobia sifflaient au-dessus de nos têtes.

* des réfugiés Républicains (Civils et Combattants ...), parvenaient à traverser le Pont  et rejoindre Béhobie... Nous n'avons jamais reçu l'ordre d'engager le combat.
Nous étions spectateurs "passifs" de ce qui était appelé "la guerre civile espagnole."

... De retour à Bayonne, nous avons assisté, quelques jours plus tard, à l’arrivée d'un grand nombre de combattants et de civils Républicains, "défilant " en quelque sorte, devant l'Hôtel de Ville de Bayonne, chantant leurs chants Républicains... et scandant : " Viva el Frente Popular !".

Le  poing levé, ils marchaient, occupant la largeur de la rue, avant de rejoindre le lycée (à côté de l'Eglise St André de Bayonne) où ils ont été "accueillis" provisoirement.
... Plus tard, certains ont été convoyés vers TOULOUSE, (pour rejoindre Barcelone par Perpignan ?)

... En 1939, j’ai été de nouveau " mobilisé " dans le Nord.

 Lors de l'invasion de la France ... nous avons été capturés.

J'ai été "Prisonnier de guerre" dans le "  Camp  International" de Dantzig, jusqu' à la Libération en mai 1945.

Bien plus tard, j'ai pris connaissance de l'existence du Camp de Gurs (Près d'Oloron Ste Marie) où de nombreux Réfugiés Républicains avaient été  enfermés et "gardés" 
par  la  Gendarmerie Nationale  Française. (" Etat français" de Vichy).

J'ai appris, également, que ce Camp de Gurs était devenu camp de déportation de Juifs et " opposants" Allemands (Bade-Wurtemberg), après l'occupation Allemande de la " Zone Libre ".

Une jeunesse (de 1936 à 1945) !

Pour la petite Histoire Hendayaise... mon père a occupé les fonctions d'Inspecteur des Douanes - trafic marchandises - dans la gare d'Hendaye de 1954 à 1958 ! (Epoque pendant laquelle, l'Espagne s'intéressait, à la CEE : la Douane Espagnole sollicitant les Douanes Françaises pour obtenir les traductions des Textes Européens, en vigueur !)

 

M. ETCHANDY Pierre 1 avenue François Faurie 64100 BAYONNE

« J’ai assisté à votre conférence au Centre Mendi Zolan à Hendaye. J’ai été très intéressé et vous remercie car c’est une partie de mon histoire familiale que vos témoins racontaient. Il me semble que pour une meilleure compréhension des évènements par un public non averti, ce sujet mériterait une présentation plus audiovisuelle ainsi qu’un livre avec des photos des évènements. Ce pont a été le témoin de beaucoup de souffrances et d’espoirs. Personnellement je pense qu’il devrait être classé monument historique et qu’une plaque devrait être posée en souvenir de tous ceux pour qui il a été la porte de l’exil et de la Liberté.

Je me permets de vous faire parvenir le récit que j’espère le plus fidèle possible à celui que faisait ma mère, de sa participation involontaire aux évènements de 1936, lorsqu’elle avait neuf ans. Ma grand-mère maternelle s’appelait Gerarda Cifuentes Santiago. L’été 36, elle se trouvait au frais « dans la sierra » quelque part vers la Rioja avec ses deux filles de neuf et cinq ans. Elle reçut l’ordre de mon grand père qui se trouvait à Madrid de partir sans attendre pour Saint Jean de Lu., sans trop comprendre pourquoi. Elles arrivèrent à Donosti et ne trouvèrent aucun taxi qui accepte de les emmener à Irun. Elles finirent par trouver une voiture qui accepta de les y accompagner, à prix d’or, mais pas plus loin que la gare. L’abuela partit direction la frontière traînant sa lourde valise et ses deux filles. Dans les rues il y avait beaucoup de réfugiés et des miliciens en armes. Elles se sont engagées dans l’Avenida de Francia qui leur sembla interminable dont plusieurs maisons étaient détruites. Il fallait faire des sauts de puce de maison en maison pour se protéger des tirs. Dans un coin de l’avenue, un cheval mort puait la peste. L’abuela était déséquilibrée par le poids de la valise mais ne voulait pas la lâcher car c’était tout ce qu’elle avait. Le poste de douane était occupé par des miliciens républicains. Voyant l’encombrement de ma grand-mère, un Monsieur qui fuyait lui aussi, proposa de lui porter la valise, pendant la traversée du pont. Elle expliqua à ses deux filles qu’il fallait courir sans s’arrêter et que si quelqu’un tombait, il fallait le laisser et continuer jusqu’à l’autre bout du pont. Ma mère lui répondit que jamais elle ne la laisserait. Elles entendaient des tirs et à un moment donné les soldats leur ont dit de se dépêcher de traverser. Elles se sont mises à courir en se tenant par la main toutes les trois. D’autres gens sont passés en même temps qu’elles. En gare d’Hendaye, une dame française donnera aux filles une tranche de pain d’épice et un verre d’eau. Elle en gardera une grande gratitude pour les gens d’Hendaye, pas pour tous les Français. Elles se dirigeront vers St Jean de Luz et seront logées à l’hôtel Le Petit Jean pendant toute la guerre. L’abuelo les rejoindra après la retirada et réussira à ne pas se faire attraper par les Allemands. Après la guerre, il sera amnistié par Franco, remis aux Espagnols sur le pont par les gendarmes français et ….emprisonné, à la prison de Lasarte, pendant deux ans, je crois.

De cette guerre ma mère en retirera un profond traumatisme qui l’affectera toute sa vie. Cette histoire, elle l’a racontée plusieurs fois et curieusement quelques jours avant son décès alors que nous circulions dans Irun. En passant par l’avenue qui mène à la frontière, elle disait : « Mira, por aquí se callo l’abuelita ou por aquí estaba el caballo muerto.” Je ne connais pas la date de leur passage mais elle disait toujours : « On a été parmi les derniers à pouvoir passer, après les franquistes sont descendus de San Marcial et ont pris la ville.

 

3°/ J’ai une sœur à Irun,

Une autre à Bayonne,

Quelques neveux sont en France,

Et beaucoup d’autres en Catalogne

Mon fils bien-aimé, vit séparé de moi

Ici à Urrugne,

Combien de cas semblables aujourd’hui

Dans cette malheureuse Espagne.

 

4°/ Que nous nous retrouvions tous au plus tôt

C’est ce que je demande à Dieu

Que du plus haut des cieux, il nous aide

A finir cette terrible guerre,

Que les hommes apprennent enfin

A s’aimer les uns les autres

Repoussant la méchanceté

Afin que nous vivions en paix.

Janvier 1947

Juan Bazurko

1°/ Une très rude guerre pèse

Sur notre Terre bien-aimée

Et, combien sommes-nous, de ce côté de la Bidasoa

Fuyant la guerre,

Forcés de vivre ainsi

Les yeux plein de larmes,

En voyant quel mauvais sort

Subit notre pays.

 

2°/ Grâce à Dieu, de ce côté de la Bidasoa

Je vis ici en paix,

Dans une ferme blanche,

Près du joli village d’Urrugne,

De mes sœurs bien-aimées

Je suis séparé …

Nous devons vivre ainsi

Jusqu’à ce que Dieu le veuille