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  QUARTIER IRANDATZ 


Les Allées

Danielle Echeveste


____________________ TEMOIGNAGE Mme DICHARRY ____________________


Je suis née en 1915, rue d’Irandatz. Notre quartier était dominé par la présence du "château", habité en été par la famille de Cadaran, château qui était, en fait, une grande maison, démolie bien plus tard pour laisser place à la piscine, et, surtout, la ferme d'Irandatz. Les terres de la ferme s'étendaient tout au long de la rue et englobaient les quartiers actuels d'Aiche Egina, Nekez Egina, tout ce qui est maintenant le collège, le gymnase, une partie de Santiago et descendaient jusqu’au bd de Gaulle. C'était le pôle principal du quartier.

Le soir, tout le monde venait chercher le lait, échanger quelques nouvelles, passer un moment chaleureux. La plupart de nos voisins étaient douaniers, employés de la SNCF, quelques uns travaillaient à la gare pour la manutention des wagons d'oranges et, le soir, ils ramenaient quelques oranges chez eux.

Dans les années 30, il y a eu une forte immigration portugaise ! Les Portugais venaient travailler en France et, sans papiers, se cachaient la nuit dans les champs de maïs. Les distractions n'étaient pas nombreuses, l'une d'elles était le passage de colporteurs. Une colporteuse, Marie, venait 1 ou 2 fois par an vendre des bijoux, dans une grande boite noire remplie de tiroirs, qu'elle portait autour du cou. Tout cela scintillait et nous paraissait merveilleux, mais...inaccessible. Un autre colporteur, Caiffa, vendait du café. Il poussait une grande caisse rectangulaire, montée sur 2 roues.

Juste dans l'angle de la rue de Béhobie et de la rue d'Irandatz, il y avait une fontaine, actionnée par un gros bouchon de cuivre, ou quelques voisins venaient gratter leurs casseroles et où buvait toujours l'âne du marchand de glaces, Mateo, qui venait de Béhobie.

La villa Concha appartenait à une riche famille espagnole, les Arnaud, dont un autre membre était propriétaire de la grande maison Chourienia, en face du nouveau cimetière ! Les Arnaud venaient passer tout l'été à la villa Concha et donnaient beaucoup de réceptions : les chauffeurs en livrée blanche conduisaient des voitures décapotables, nous apercevions des dames très élégantes, nous entendions de la musique. Il y avait aussi une petite chapelle attenante à la maison, où le Père Armand venait tous les matins de Fontarrabie pour dire la messe.

En haut de la rue du Commerce, il y avait la ferme Otatzia où les frères Sallaberri tannaient les cuirs pour faire des bordures de bérets ! Devant la porte, de grands panneaux de bois sur lesquels séchaient les cuirs étaient exposés au soleil. Un peu plus haut, la maison Hubert était un atelier de chapeaux où travaillaient plusieurs modistes. Leurs fabrications étaient vendues dans divers magasins de la région (il y avait, à l'époque, 5 modistes a Hendaye).

Je me souviens de la 1ère fête basque ! Avec mes cousines, nous étions sur un char, le damier, exécuté par René Bienabe ! La fête basque a remplacé la cavalcade qui se faisait auparavant, mais dont les chars n'avaient pas forcément un sujet basque. Au printemps, il y avait la procession des Rogations. Une croix était située au bout de la rue des Réservoirs et le prêtre et les fidèles passaient le matin de bonne heure en chantant les litanies des saints. Pendant l'été, le dimanche, nous allions au bal sur la place, bal qui se terminait toujours a 11 h 30, par le fandango et l'arin arin.

Parfois le dimanche après-midi, mon oncle d'Irandatz attelait la jument coquette, un gros percheron, et nous descendions en famille passer un moment dans les dunes autour de la chapelle Ste Anne. Nous goûtions, ramassions des petits œillets et étions admiratives devant la villa de la famille Legasse : il y avait des paons dans le jardin et, quelquefois, des jeunes gens dansaient le charleston. Voilà comment se déroulait la vie de notre quartier, jusqu’à la guerre d'Espagne. C’était une vie très simple, de village, mais nous étions très heureux et tout était occasion de fous rires !!!!

 














A gauche : la Ferme Inda (Amélie Aubert) et à droite la Ferme Irandatz (Jean-François Birade)

 


 

____________________ TEMOIGNAGE Mme Anita MACICIOR ____________________


Je suis née en 1922, mon quartier c'est en tout et pour tout Irandatz, la rue d'Irandatz, la ferme d'Irandatz, les allées d'Irandatz.


Nous sommes en pleine campagne, avec ses rituels, la richesse de la nature toute proche. Dans la rue, les vaches traversent tranquillement pour aller aux champs. Tout le côté gauche, ne sont que haies et meules de foin, où à la saison, les citrouilles vidées et allumées, nous font peur............


Dans la rue, je revois le retour d'un déporté, Monsieur Hasin, seul, très maigre, un peu absent, on ne s'imaginait pas de quel enfer il revenait.....


Je me rappelle très bien en 36-37 l'afflux des réfugiés d'Irun et l'aide qu'on pouvait leur apporter.

Je me rappelle au bout de la rue, en juillet, nous attendions de voir poindre la batteuse, événement de l'été qui réquisitionnait les voisins pour aider les paysans d'Irandatz à battre le blé, dans un bruit régulier de machine et les rires des hommes qui travaillaient.


Dans la rue, au Carrefour de la rue Nouvelle, pour la Saint-Jean, on allumait un énorme feu au dessus duquel sautaient les plus hardis. Le feu éteint, Amatxi d'Irandatz envoyait 4 tisons, en forme de croix, dans les champs.

Nous vivions surtout dans notre quartier, très peu en relation avec les autre quartiers de la ville, sauf pour les courses de vaches au Bas quartier.


J'aimais tellement ce quartier que j'ai décidé d'y acheter une maison où je vis depuis ma retraite, après avoir passé de longues années a la plage !


____________________ TEMOIGNAGE Mme Odette SUSPERREGUI ____________________


C’était notre quartier HAPET-ENIA

 

Dans mon souvenir, il était immense ; de retour de l’école quand j’arrivais à hauteur de la maison BIDART, j’étais chez nous ; un petit bout de chemin plat et c’était la grande côte qui descendait vers BEHOBIE.

 

Autour de nous, la campagne entretenue, riche, verte, des maisons aussi : celle de la famille Marichular, en continu, une autre maison qui a abrité bon nombre de familles. En dernier, on l’appelait GAZTELU ; venait un chemin de terre qui nous menait à l’abreuvoir où s’abreuvaient les vaches. L’eau descendait de la source d’Olasso. Plus haut la même ferme de Bitartenia ; un peu plus bas, c’était Machitenia, puis une menuiserie, fabrique de meubles et la dernière Machitenia Berri (toujours à Hendaye) alors que les terres étaient à Béhobie.

 

Tout ce pâté paraissait récent ; en fait, celle qui a donné son nom au quartier se dressait à mi-côte, imposante. Elle devait avoir déjà un passé. Mi-maison de maître sur l’avant et à l’arrière ce qui tenait lieu de ferme avec son étable, son grenier à fourrage et, derrière la bâtisse s’étendaient des terres cultivées. 





Ces propriétaires d’un autrefois s’appelaient HAPET. Selon ma mère, le maître était Docteur. Une bonne partie des terres aux alentours avaient dû leur appartenir. En direction de ce que nous appelions les JONCAUX, à droite de la route des ABATTOIRS, il y avait un FRONTON grand, très grand. Tout en haut, des lettres délabrées, on lisait HAPET. Les anciens et moins anciens se souviennent de leurs parties de pelote acharnées.

 


 

A droite et à gauche, des champs de maïs, navets, betteraves selon les saisons étaient cultivés. En bordure, un chemin défoncé, troué et tout au bout les ABATTOIRS de la ville d’HENDAYE : le rendez-vous des bouchers, charcutiers et des maquignons aussi.

 

Là se tenait un drôle d’édifice cylindrique : c’était le GAZOMETRE. M. et Mme BURGUET en étaient concierges et veillaient à l’entretien de cet élément considéré dangereux.

 

De part et d’autre, on trouvait une zone verte où poussait une flore sauvage, rustique et une faune à faire envie à bien de vrais chasseurs ; une faune qui se reproduisait dans les marais et surtout en automne et au printemps, la migration des oiseaux qui se reposaient ou se rassasiaient pour poursuivre leur voyage.

 

Il y avait des chasseurs qui se montraient discrets.

 

Là aussi, se formait au moment des grandes marées ou lors des crues, une étendue d’eau (comme un petit lac) car la Bidassoa sortait de son lit et se faufilait de part et d’autre dans des canaux creusés à cet effet. Ainsi, aux beaux jours, un coin qu’on affectionnait « le petit pont » qui a vu nos premiers plongeons.




Là aussi deux fermes : l’une dite DIBILDOX, l’autre XIMONENIA. Ce n’était pas Béhobie, c’était encore Hendaye. De l’autre côté, nous allions vers Erotasillo et la ferme de la famille LEKUEDER. Mais là, jouxtant les terres cultivées des fermiers du quartier, un grand espace appartenait à la ville (c’est ce qui se disait). On y voyait des petits potagers bêchés, fumés, cultivés par les Hendayais. Quelle ressource lors de la guerre de 39/45. Et les légumes, rien à voir ou à comparer avec les patates des supermarchés !

 

Mais à travers ces terrains irrigués par les canaux qui remontaient de la Bidassoa, il y avait et il y a toujours une source (très calcaire). Elle a servi en son temps à l’alimentation en « eau » des quartiers de la ville. Elle était entretenue et surveillée, clôturée par un grand mur ; un gardien y venait tous les jours. Cet endroit clos était devenu un verger entretenu, même une vigne y poussait.

 

Petite, j’ai connu M. Labenne, ses moustaches et sa pipe, puis M. Vergez après.

 

Il y a une autre partie que je n’ai ni omise, ni oubliée : la fabrique de bérets : 1919/1920. C’est à cette époque que la fabrique s’est installée ; elle a été longtemps très prospère. La majorité du personnel était des femmes, des hommes aussi : un mécanicien pour l’entretien des machines, un chauffeur pour l’entretien de la grande chaudière à charbon, les toits en terrasse où l’eau de pluie était gardée pour le lavage des bérets. La fabrication se faisait de A à Z. Les cônes, le remaillage, le feutrage, les teintures, le séchage. Les coiffes intérieures étaient cousues ainsi que les cuirs. Il est une manipulation que je n’ai jamais oubliée, la dernière, l’apparence, le velours. C’était un cylindre ou un tambour, des chardons (cardères) étaient enfilés, par une manipulation manuelle au début suivie par une rotation mécanique. Les bérets étaient soumis à un repassage. Mon père disait qu’ils les faisaient velours. Après ce travail, les bérets étaient prêts pour la vente.

 

La seule chose qui n’était pas fabriquée c’était le cuir, la finition du béret. Il est cousu en dernier lieu. Cependant, les peaux de cuir subissaient la teinture dans la fabrique. Les cuirs étaient fabriqués par la maison Sallaberry située à la rue du Commerce. Cette maison existe toujours, elle s’appelle OTAÏZIA.



 

 CORNICHE-SUBERNOA 
















A gauche Asporrotz (Michel Lonjou) et à droite Haizabia (Odile Alvaro)


 

 

____________________ TEMOIGNAGE Estefana IRASTORZA ____________________


Ce quartier de Subernoa était un quartier charmant : il y avait des fermes, il y avait des champs de blé et de maïs, il y avait aussi des vaches et des bœufs pour le travail des champs, un cheval avec la carriole pour aller vendre le lait et les légumes, quelquefois un âne avec le panier sur le dos car le paysan vivait du produit de la terre. Il ne faut pas oublier les moulins : je me souviens de quatre moulins au bord du même ruisseau, le ruisseau de Mentaberry :

         - Le moulin Dorrondegui,

         - Le moulin de Fagady,

         - Le moulin d’Asporotz

         - et le moulin d’Haiçabia.  

La fermière faisait souvent le pain ou le taloa elle-même : notre quartier était très solidaire : on s’entraidait beaucoup. Les aitatxi amatxi, les jeunes et les enfants vivaient sous le même toit.


A Subernoa, il y avait aussi des lavoirs, des sources et des fours à chaux. L’ambiance était joyeuse : on entendait souvent les jeunes hommes qui faisaient partie de la clique, jouer du clairon après les longues journées d’été ; les cousins se réunissaient pour la moisson, le battage du blé et le travail des foins.






Le petit tramway bleu qui passait par la Corniche et qui s’arrêtait à Haiçabia et au château d’Abbadia est un joli souvenir pour moi : pour aller et revenir de l’école nous payions 10 centimes ; sinon les gens se déplaçaient à pied, à vélo lorsqu’ils en avaient et souvent en carriole à cheval.




 

Le cœur du quartier était le château d’Abbadia ; aitatxi, amatxi, jeunes, moins jeunes, enfants, nombreuses étaient les personnes qui s’y rendaient tous les dimanches pour assister à la messe qui était souvent chantée en basque. Il y avait de belles voix. Carmen jouait de l’harmonium, le prêtre résident du château disait la messe, assisté par deux enfants de chœur Michel et Beñat. Les cloches de la chapelle résonnaient dans tout le quartier une demi-heure avant l’office qui commençait à huit heures ; Papa nous disait : « dépêchez-vous, les cloches du château ont sonné ! » et nous partions tous ensembles à travers champs ; c’était l’occasion aussi pour les paysans du quartier de se rencontrer. Joseph Exposito leur procurait le journal basque « Eskualduna », leur donnait des conseils et s’occupait de la confrérie.


La petite école du château accueillait les enfants du quartier qui s’y rendaient en toute sécurité à travers champs.

Je voudrais ici parler du servant d’Antoine d’Abbadie, Pantxoa Susperreguy, homme discret et gentil et de sa femme Gabriella, une jolie amatxi qui se tenait souvent dans la grande cuisine du château avec sa fille Tomaxa ; lorsque j’allais leur porter le pain, Gabriella me donnait toujours un morceau de pain avec deux billes de chocolat. Oui, il y avait une grande famille au château, et nous y étions toujours bien reçus. Si ma mémoire est bonne, Pantxoa et Gabriella avaient neuf enfants, sept filles et deux garçons : Carmen, Tomaxa et Kattalin sont restées au château pour travailler à l’Observatoire avec leurs maris. Antoinette, Eustaki, Mayie, Marie-Jeanne, Sébastien et Totte étaient les autres enfants du couple ; d’autres personnes vivaient ou travaillaient au château : les employés de l’Observatoire et un prêtre : pour ma part, j’ai connu l’abbé Calot, l’abbé Fours et l’abbé Demagondo et ma mère nous parlait de l’abbé Berchafel.


Je vis toujours dans ce quartier de Subernoa, heureuse d’être là et je souhaite vivement que le nom de Subernoa reste attaché à cet endroit même si les champs de blé et de maïs ont disparu, ainsi que les chevaux et les carrioles, les bœufs et les charrettes remplies de foin et de fougères, les paysans comme Michel d’Azkubea qui, l’aiguillon posé au travers de son épaule, sifflait de jolies mélodies accompagnées du son des clochettes et des pampalins des bœufs.

Oui, le quartier a bien changé mais le château d’Abbadia est là plus vivant que jamais. 


 

Estefana Irastorza  vivait à la ferme ASPOROTZ-BERRI. La famille de sa mère occupait la ferme FAGADY. Ses grands-parents ont eu huit enfants.

La ferme avait une superficie de 5-6 ha où on pratiquait l’élevage et la culture des céréales notamment.

 

Pour améliorer leur situation financière, certains paysans sortaient du sable de l’océan pour le fournir aux entrepreneurs.

Chez Fagondo à Pohotenia, ils avaient trois garçons de ferme et ainsi ils ont pu fournir beaucoup de sable aux entrepreneurs.

Estefana Irastorza se souvient parfaitement des employés de la ville d’Hendaye :

  • Deux éboueurs : Gabilondo et Erramun (enfant de l’assistance élevé avec sa mère à Fagady). Ils avaient un tombereau tiré par une paire de vaches. Le tombereau possédait deux battants. L’éboueur baissait les battants pour ramasser les ordures et il les refermait ensuite ;
  • Un cantonnier, Monsieur Erguy avec une pelle et une pioche ;
  • Le garde-champêtre, Monsieur Gracianette : à la sortie des messes, il annonçait les nouvelles en battant du tambour. Monsieur Gracianette était aussi tueur de cochons. Le père d’Estefana Irastorza nourrissait le cochon de Monsieur Lannepouquet mais celui-ci s’occupait lui-même des cochonailles ;
  • Trois agents de ville : Fouquet, Etcheveste et Recalte.

Au Bas-Quartier, il y avait trois forgerons : Jean Ttikia, Dolhasque et Mendizabal. Ce dernier était charron et s’occupait des roues de charrettes.

Il y avait également un taxi calèche avec un cheval appartenant à Monsieur Fagoaga. La calèche était décapotable. Le taxi stationnait à la gare et le cheval servait aussi pour les enterrements.

Enterrements :

C’était Monsieur Campet, le beau-père du docteur Chauvet qui était le croque-mort. Il avait une grande charrette à quatre roues pour transporter le cercueil. Il fallait deux chevaux pour tirer la charrette, celui de Monsieur Fagoaga et le cheval blanc de la ferme Irandatz. La carriole était habillée et suivant le nom du défunt, il y avait la première lettre argentée de son nom sur le tissu noir.

Les chevaux étaient recouverts d’un drap. Monsieur Campet, habillé de noir, dirigeait le cortège d’enterrement. Suivant le choix de la famille, il y avait quatre hommes qui portaient un drap mortuaire noir.

A l’église, on recouvrait de ce drap le cercueil. Les femmes portaient des capes et leur visage était caché.

Les premiers voisins avertissaient la mairie et le curé. Ils portaient à la maison la croix et le gros cierge. Les voisins étaient invités.

Mariage :

Le mariage avait lieu à la ferme. Estefana Irastorza s’est marié en 1948. Il y avait 70 à 80 invités. On nettoyait le grenier pour l’occasion et on décorait avec des branches d’acacia en fleurs. On disposait une longue table avec des bancs. Il n’y avait pas assez de vaisselle à la maison, les cousins en prêtaient. Il fallait aller la chercher avec une corbeille. C’est une cousine qui avait cuisiné sur la cuisinière et la cheminée.

Le repas débutait avec un bouillon, des hors d’œuvre (charcuteries), puis un merlu présenté en entier avec de la mayonnaise, un rôti de bœuf ou de veau, le fromage, les œufs au lait préparés la veille par ses deux tantes et sa cousine.

La viande provenait de la maison Sorondo. Monsieur Sorondo achetait les veaux à son père. Celui-ci avait donc demandé au boucher de lui prendre le veau et de lui fournir la viande. Monsieur Sorondo avait préparé les rôtis et conservé le jarret. Ensuite, en échange, il a donné des rôtis de bœuf pour le dîner du soir. Elle précise également que son grand-père plaçait des hameçons au ruisseau de Mentaberry, où il y avait beaucoup d’anguilles. Il en apportait à Agustin Sorondo qui, en échange, lui donnait des escalopes de veau.

L’apéritif avait eu lieu à l’hôtel Bergeret. Les jeunes hommes payaient l’apéritif pour tout le monde. C’était leur cadeau aux mariés.

La veille, elle était partie à bicyclette avec son fiancé chercher les merlus chez le cousin mareyeur Charles Dexpax.

Après le déjeuner, les jeunes hommes avaient joué à la pelote sans pelote. On chantait beaucoup et on s’amusait. Sa cousine avait attrapé une hirondelle à l’écurie. Elle l’avait placée entre deux assiettes creuses, attachées par un ruban. On devait faire circuler les assiettes, tout le long de la table en embrassant son voisin. Personne ne savait ce qu’il y avait à l’intérieur. Le paquet parvenait jusqu’aux mariés qui pouvaient l’ouvrir. A ce moment-là, l’hirondelle s’est envolée.

Fêtes

Le lundi de Pentecôte, un méchoui était organisé à Haiçabia. Il y avait la musique, c’était la fête.

Ainsi, jeune homme, Emile Lannepouquet, les deux frères Etchalecou, le boulanger du Bas-Quartier, Jean et Koxe Angel, Manolito Curutchet envoyaient un gigot de mouton, des bonnes bouteilles dans un grand panier. Ils le remettaient à sa grande sœur à son retour de la distribution de lait afin qu’elle les remonte avec sa carriole.

Ils venaient ensuite à pied, en sandales blanches comme les autres participants.

Une autre fête avait lieu à Lissardy, le lundi de Pâques. Les familles entières allaient pique-niquer et on plantait un arbre.

Le feu de la Saint-Jean se pratiquait dans toutes les fermes. Antonio qui vivait à Asporotz allumait le feu et tirait un coup de fusil en l’air. C’était le moment de s’y rendre. On chantait. Lorsque le feu était éteint, on retirait les braises que l’on apportait dans les prairies ou dans les champs pour demander l’abondance.

La Saint-Jean, c’est la fête de l’eau et du feu. Son père avait l’habitude d’aller à la source et rapportait à la maison un petit bidon d’eau. Il le posait sur la table de la cuisine. Il leur disait : « voilà, j’ai porté de l’eau et j’ai bu un verre. Celles qui veulent boire peuvent le faire, elle est toute fraîche. »

Il y avait une autre superstition qui consistait à placer une branche d’aubépine dans l’entrée de la porte afin d’éviter les mauvais sorts.

La moisson était l’occasion de rencontrer du monde. Il y avait 15 à 16 personnes.

Au niveau des traditions elle se souvient du Dios te salve qui était chanté la veille du Jour de l’An.

Ongi Etorri

Gau on jainkoak digula

Legi arekin

compli dezagun

Urte berri arin bezpera

 

Bienvenue,

Que Dieu nous accorde une bonne nuit,

Et que nous entrions dans une bonne année.

 

Les hommes étaient habillés dans la même tenue que pour Olentzero et ils passaient dans toutes les fermes. Ils étaient accompagnés d’un accordéoniste. Il fallait donner des sous. C’est un bertsulari qui date du 15e siècle.

On commence toujours par honorer le patron de la maison, en deuxième lieu, l’épouse. Son père préparait des sous pour les groupes et offrait un verre de vin.

Les veillées :

Elles se déroulaient autour de la table ou près de la cheminée. Les unes tricotaient, d’autres racontaient des histoires et on chantait. Les parents racontaient beaucoup d’histoires, en famille uniquement. Les cinq filles étaient chargées de dépouiller le maïs pendant que le père était en train de traire les vaches. Leur mère faisait cuire ou griller les châtaignes que toute la famille mangeait ensuite.

Tout le monde chantait sur son lieu de travail (à la cuisine, à l’écurie, au maïs).

Les soirs d’été, les jeunes hommes se régalaient en jouant du clairon, ce qui égayait tout le quartier. On se répondait de ferme en ferme.

 Traditionnellement, le 1er avril, on faisait des farces. Elle se souvient particulièrement de celle réalisée par sa sœur Josefa. Estefana aidait souvent son père. Le soir, à la tombée de la nuit, il fallait rentrer la fougère, six ou sept meules. Elle plaçait donc une échelle contre une meule et commençait à jeter la fougère en bas. Sa sœur Josefa qui était dans le lavoir situé en bas des meules de fougères s’écria : « Tifana, viens vite avec la fourche, le savon est tombé dans l’eau ! ». Elle descendit en courant avec sa fourche pour récupérer le savon mais ne le trouva point. Sa sœur en riant lui dit alors : « tu as oublié que c’était le 1er avril ».

                            

 

____________________ TEMOIGNAGE DE LOUIS EIZAGUIRRE ____________________

 

SOUVENIRS DE MON ENFANCE AU QUARTIER SUBERNOA

(FERME AGUERRIA)

 

 

Mes grands-parents paternels sont partis de la ferme ORIO en 1937 pour s’installer comme métayer à la ferme AGUERRIA, quartier SUBERNOA à HENDAYE.

 

Le propriétaire était Mr SOUBELET d’URRUGNE, mon grand-père LOUIS, cultivait quelques parcelles de terre, il avait une dizaine de vaches, une paire de bœufs pour travailler et un cheval pour faire la distribution du lait, il est décédé en 1952 suite à un accident avec son cheval.

 

Mon père AMBROXIO âgé de 26 ans prit la suite familiale, mais il devint vite difficile de vivre sur l’exploitation avec une si grande famille, avec sa mère, frères et sœurs ils décidèrent de tout vendre.

 

Il se reconvertit en gare de HENDAYE au service du nettoyage des voitures voyageurs de la SNCF pour une entreprise privée et ceci jusqu’à sa retraite.

 

Mais la passion de l’agriculture était en lui, il continua  à cultiver du maïs pour la volaille, il élevait des lapins et engraissait des cochons, il avait également un grand potager pour nourrir sa famille.

 

Mes parents ont eu 6 enfants et tous sont nés à AGUERRIA entre 1950 et 1966.

 

Les 4 aînés nous avons débuté notre scolarité à l’âge de 5 ans à l’école du château d’ABBADIA, plus précisément à la conciergerie d’ARRAGORY en bordure de la CD 912 avec une classe unique du CP au Certificat d’études.

 

L’école a été fermée en octobre 1961 (il y avait une quarantaine d’élèves), pour y être déplacée en face près des jardins municipaux, dans un grand bungalow, elle aussi fut fermée en 1972.

 

Voici la liste des fermes environnantes avec les familles qui y envoyaient leurs enfants pour suivre la scolarité :

 

- AGUERRIA (EIZAGUIRRE)

- SANDOTEGUI (PICABEA) camping des Acacias

- DONGOCHENIA (AGNORGA)

- SOPITE (ZAMORA)

- ORIOKO BORDA (SUSPERREGUI)

- DORRONDEGUI (INZA) camping

- MENTABERRY (IRIVARREN)

- IHARTZE (OSTIZ)

- ASPOROTS BERRI (IRASTORZA) ferme de Mme ESTEFANA

- ANZIOLA (LARRETCHE)

- HAÏCABIA (GOYA)

- FAGADY (MARTICORENA)

- ASCOUBIA (IRAZU)

- KASCONENIA (IRABOURRE).

Ferme Ascoubia



Le dimanche matin nous devions tous aller à la messe qui était célébrée en la chapelle du château par Mr L’ABBE DE PUIFFE-DE MAGONDEAUX, directeur de l’observatoire d’Abbadia.

 

La chapelle faisait partie de la paroisse STE ANNE D’HENDAYE PLAGE, où nous allions pour suivre le catéchisme et faire la communion solennelle.

 

Après la cérémonie avant de rentrer dans nos foyers, nous nous arrêtions au fronton couvert d’ARRAGORI pour regarder les parties de pelote qui souvent étaient organisées par Mr BENAT EXPOSITO,  bien sûr nous étions supporters de nos oncles YAMUN & IGNACIO.

 

Je me souviens très bien de la convivialité qui régnait dans ce quartier en voici quelques exemples : les fermiers entre eux s’aidaient beaucoup lorsqu’il fallait faire les foins, ramasser le maïs puis le dépouiller. L’hiver lorsqu’une ferme tuait le cochon, c’était la joie pour les enfants et le soir une veillée avec un repas boudin et cochonnailles était servie.

 

Je me souviens également du premier poste téléviseur qui arriva à la ferme DORRONDEGUI dans les années 1960, un grand merci à la famille INZA qui nous autorisait le dimanche après-midi à regarder les matchs de rugby et le fameux feuilleton Thierry la fronde.

 

Avant de terminer je voudrais quand même raconter le rachat de la ferme AGUERRIA en 1953 par Mr FAGONDO PERIKO de la ferme POHOTENIA.

 

PERIKO et son fils XALBAT avaient en partie transformé la ferme familiale en hôtel.

 

Mais les touristes se plaignant de mauvaises odeurs, ils décidèrent de transférer le bétail vers AGUERRIA (une quinzaine de vaches, une paire de bœufs et un cheval).

 

Il y avait beaucoup de terres, soit pour les cultures : du foin, du maïs et du navet pour le bétail, du blé pour la volaille et la farine pour le pain, il y avait au quartier 4 moulins sur le ruisseau MENTABERRY qui coulait vers l’océan.

 

Ils cultivaient de grandes parcelles de pomme de terre pour le restaurant. PERIKO nous embauchait (c’était un grand mot) pour la récolte. Pour nous les enfants nous attendions cela avec impatience car c’était un homme bon et très généreux, nos parents avaient peu de moyens et ils le savaient, les casses croûtes étaient pour nous une fête, il y avait abondance et diversité.

 

Pour conclure, je voudrais dire que ce quartier m’a beaucoup marqué et plein de souvenirs remontent en moi; en voici quelques-uns pêle-mêle.

 

  • Les champs de blé avec plein de coquelicots,
  • Les bordures de routes fleuries de multitudes de variétés de fleurs,
  • Les vaches qui paissaient dans les champs en toute quiétude,
  • Les paysans qui travaillaient la terre, récoltaient, moissonnaient,...
  • Les rencontres entre  jeunes pour jouer au rugby sur un terrain improvisé,
  • Les parties de chasse à la fronde dans les bois,
  • La solidarité, la convivialité entre nos parents,
  • Mr FAGONDO PERIKO au volant de sa belle Simca Aronde Versailles,
  • Mr FAGONDO XALBAT qui m’aidait pour mes devoirs scolaires, qui avant l’heure appliquait le mot SOCIAL avec mes parents, nous la famille EIZAGUIRRE lui devons beaucoup (pas de détails, il le sait et nous aussi).

MILESKER ANITZ  XALBAT


 

____________________ TEMOIGNAGE Anita SANTIAGO ____________________


Anita Santiago a vécu à la ferme Asporotz Berri, propriété de Léon Lannepouquet. Elle était située vers Haiçabia, au bord de la route, près du camping actuel Eskualdunak.

Elles étaient six filles. Le seul garçon est mort de la grippe espagnole en 1918.

 

Il y avait d’autres fermes à proximité : la ferme des Lasalde, le moulin de Fagady…

Elle a passé sa jeunesse dans cette ferme. Les filles travaillaient dans les champs. C’était dur. Elles nettoyaient le blé durant des journées entières, avec un bout de bois et un couteau. Au mois d’avril, il fallait couper les racines des chardons et de l’aragorri, une plante qui abîme le blé. Elle nettoyait toutes les mauvaises herbes et au moment de la saison le blé était magnifique. Il était moissonné vers le 14 juillet. Le blé fait sa tête en mai. Il y a un dicton basque qui dit « si je suis petit ou si je suis grand, en mai je porte ma tête ». On cultivait également le maïs, les pommes de terre, les betteraves, la luzerne, le trèfle farouche (trèfle à fleurs rouges qui annonce le début du printemps).

 

Il y avait une douzaine de vaches. Elle portait le lait en ville. La tournée du lait se faisait avant d’aller à l’école, à 7 h du matin. Elle commençait la tournée par les Halles, puis elle descendait Caneta, elle remontait par la rue du Port pour livrer le lait au receveur des douanes, le Docteur Fourquet, Mme Lataste qui faisait la cuisine dans les hôtels de la Plage. La sœur aînée attachait le cheval à un poteau. Lorsque la tournée était terminée, elle retournait à la ferme.

 

Pour labourer la terre, il n’y avait pas grand-chose. Elle se souvient que son père avait planté des châtaigniers dont les plants avaient été donnés par M. Lannepouquet. Ils sont toujours là. Il y avait aussi des plaqueminiers qui donnaient de délicieux kakis.

 

A la ferme, il n’y avait pas l’eau, pas l’électricité. Il fallait aller chercher l’eau au ruisseau qui descendait le long du moulin. C’était le travail des enfants d’aller chercher l’eau avec des seaux. L’eau de la rivière n’était pas bue. Seule l’eau de la source était consommée. Cette source Ansiola n’existe plus aujourd’hui.

 

Il n’y avait pas beaucoup de communication avec l’extérieur. Ils vivaient entre eux. Cependant, lorsque le moment venait de faire la moisson, les voisins venaient aider. Il y avait une machine qui coupait. Les filles et les garçons choisissaient l’endroit où il y avait le moins de chardons et se mettaient ensemble. On goûtait à l’ombre avec du fromage de brebis et du vin. Le soir, il y avait un petit souper.

 

Avant de partir dans les champs, les filles devaient porter l’eau et le bois à la maison.

L’hiver, son père allait travailler au bois. Il préparait le bois de l’année.

Les filles avaient également pour rôle de s’occuper des vaches.

 

 

Sa mère venait les rejoindre dans les champs pour leur apporter le panier repas comprenant de la morue grillée, un peu de viande pour le père et le vin, un thermos de café. Elles avaient droit de goûter un peu de vin.

 


Sa mère faisait également les commissions du château d’Abadia. Pour 11 heures, il fallait apporter les courses. Elle partait à 5 heures du matin à pied.


 

Avec ses parents, elle parlait uniquement en basque. Mais à l’école, il était interdit. Par contre, le catéchisme se faisait, soit en basque, soit en français. Elle allait au catéchisme en basque. Elle précise que les prêtres avaient la « main leste ». Elle se souvient de l’abbé Dubreuil et du curé Frappart. Il y avait de belles cérémonies, des processions avec des reposoirs au Bas-Quartier ou à la rue du Port.


Il y avait un marché aux Halles où elles se rendaient. On y trouvait des poulets vivants, des légumes. Joaquina du Bas-Quartier venait à la fin du marché avec sa brouette, récupérer les restes qui lui étaient vendus à bas prix. Elle retournait ensuite au Bas-Quartier pour les rendre.


Lorsque les pêcheurs rentraient, ils pouvaient conserver du poisson. C’était la part du pêcheur.

Les femmes descendaient alors au Bas Quartier pour le vendre.


Le dimanche, la famille se rendait à la messe et aux vêpres. L’après-midi, les filles allaient à « l’asile » (école Ste Germaine actuelle) où il y avait des jeux : croquets, balançoires…


Le dimanche, lorsqu’elles étaient jeunes filles, elles venaient en ville à pied avec des sabots en caoutchouc et des demi-chaussettes. Elles avaient les chaussures dans le sac. Elles se pomponnaient devant chez Lavignasse. C’est comme cela qu’Anita a connu son mari au bal des Variétés. Elle se souvient de certains musiciens de l’orchestre : M. Dilharréguy, M. Pivot qui jouait de la clarinette, M. Azpurua, M. Bennett, Segundo…


Au moment de la Bichincho, le bal avait lieu sur la place de la République. Il fallait rentrer pour 18 heures.

Elles allaient à la messe de minuit au domaine d’Abadia. Anita se souvient qu’à Fagady, Antoine Picabea grillait les châtaignes avec une machine. Il remplissait un panier et posait une serviette toute blanche dessus. Sa mère avait un frère célibataire qui avait une belle voix et chantait durant la veillée. Le foyer était allumé, les sabots étaient là avec du foin à l’intérieur. L’oncle venait avec son panier distribuer des châtaignes. Avant de partir à la messe, toute la famille se restaurait avec du chou aux saucisses.


Lorsque c’était l’heure d’aller à la messe, Michel Picabea prenait sa lanterne pour éclairer le chemin. L’abbé, depuis l’Observatoire, regardait pour voir s’il apercevait une petite lumière dans les champs. Tous les gens des fermes environnantes assistaient à la messe au château. Ils étaient très nombreux. Ils se réunissaient pour cette occasion-là et tout le monde chantait. C’était très beau. Robert jouait du violon et Zorreguieta de l’harmonium.

Dans le sabot, il y avait uniquement des oranges et des socquettes.


Il y avait peu de loisirs. Cependant, l’été lorsqu’il faisait chaud, les filles allaient prendre un bain à 11 heures. Elles descendaient les rochers. Elles n’avaient pas de maillot de bain. Elles mettaient une vieille robe. Leur mère venait avec elles. Elle avait dans son panier du chocolat, du pain et du vin. Elles rentraient alors que leur père faisait la sieste. Elles mangeaient et faisaient à leur tour la sieste.


Lorsqu’elle était jeune fille, elle faisait le ménage chez Mme Kehrig. Elle se souvient particulièrement d’un instant de crainte vécu à la fin de la guerre. Elle a vu un Allemand qui sortait de la forêt. Elle a eu peur car il avait le révolver à la main. Il a demandé la route de la montagne. Il s’échappait. Les Allemands, avant de partir, ramassaient tout ce qui pouvait les aider : vélos, chevaux… Il fallait tout cacher. Ils sont partis un lundi avec des charrettes. Elles les a vus descendre la Corniche. Son père, dans la crainte de représailles, avait décidé que personne ne devait sortir le dimanche. A la ferme Fagady, là où sa mère est née, il y avait un cheval et une ânesse qui broutaient l’herbe. L’ânesse avait un petit ânon. Son oncle a décidé de ne pas cacher l’ânesse car il savait qu’elle refuserait d’avancer sans son ânon. C’est ce qui s’est passé.


Ses parents ont vécu dans cette ferme pendant 40 ans, jusqu’à leur décès. Tous les mariages s’y sont déroulés.

 

 


 

 QUARTIER PLAGE 


 














A gauche, le tramway avenue du Casino (Christiane Marin) et à droite le Casino, vue de l'allée des Palmiers (Miette Chenut)


Le Casino (Eliane Gaudin)



____________________ TEMOIGNAGE Maïté FAGET ____________________


Souvenirs de mon enfance au quartier de la Plage

(quadrilatère Hôtel Ezkualduana – arcades)








C’est sous ces arcades que l’on trouvait la Poste, le Syndicat d’Initiative (une employée seulement), la pharmacie, le bureau de tabac, le coiffeur, l’épicier, le pâtissier, etc., l’agence immobilière.





Autour du Jardin Public, il y avait quatre hôtels : le Régina, l’hôtel de Paris, le Liliac, le Central.

L’été, trois orchestres se produisaient à l’Ezkualduna, au Casino et au Continental.









 

 

 

 

 

 

 

Avant 1936, la plage était une plage qui accueillait de riches familles : comte de Beaumont, comte de Rivaux, marquise de Prolin, etc.


L’Ezkualduna était un palace. Le soir, dames en robe longue, messieurs en habit, petites filles aux souliers vernis, circulaient sous les arcades où les commerces restaient ouverts très tard. C’est l’époque où Duclos était pâtissier dans cet hôtel.






Au moment de la République espagnole, les familles nobles espagnoles et leurs domestiques occupent les villas.

En 1936, on assiste à un changement avec la guerre civile espagnole et surtout les Congés payés décidés par le Front Populaire.



 

Les campeurs arrivent. Le premier terrain de camping se situe à la Pointe (Sokoburu maintenant) dans les dunes (fameuses dunes où nous jouions, cueillions les œillets des sables, des chardons).


La plage se démocratise. Certaines riches familles ne viennent plus. Elles ne veulent pas côtoyer les campeurs (entendu cette réflexion).


Puis c’est l’occupation. Alors là c’est une autre histoire.

En 1945, nous acclamons Churchill et Clémentine sa femme, venus se reposer à Bordaberry chez le Général Brutinel. Il y a eu une réception dans les jardins de l’Ezkualduna. Y a-t-il eu des chants, des danses, je ne m’en souviens pas.



 

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